Comment j'ai appris à ne pas bloguer
Ça fait des années que je remplissait des carnets avec mes pensées, sentiments, ressentis, événements de chaque journée, etc.. J’en ai des carnets pleins, depuis que je suis tout jeune. Il y a des carnets de toutes les couleurs, certains à moitié déchirés par un coup de colère, certains remplis de photos, lettres, notes et toutes sortes de papiers rajoutés là en vrac. Je change régulièrement de stylo selon mes envies, mes goûts du moment, mes humeurs, mes capacités financières ou si j’ai oublié mon stylo préféré. Tout cela est pour moi un instantané de ma vie. Comme une photo mais en mieux, en plus intéressant, en plus précis, moins figé. Je n’avais jamais fait lire mes carnets à qui que ce soit. Et la question de donner un nom à ces carnets (journal intime, mémoires, instantanés, carnets...) ne m’est jamais venue à l’esprit.
Jusqu'à découvrir le phénomène du blog. Je me suis aperçu que j'étais presque en train de passer outre une révolution dans ma manière d'écrire ma vie. Et c’est vrai que ça a révolutionné ma manière d'écrire. Tout est plus simple avec le blog, plus pratique mais aussi plus encadré, moins libre. Et face à la folie du blog, je me suis retrouvé à mettre tous mes textes en accès public, m’exposant ainsi au regard de tous, transformant ma vie en une cage de verre, un peu à la manière d’André Breton. Je suis pourtant loin d'être un surréaliste. Sauf que je n’avais pas pensé une seconde que des gens que je connaissait et qui sont proche de moi puissent lire mon blog. Le premier contact avec une personne proche ayant lu mon blog fut assez calme bien heureusement. Mais ça devint par la suite de plus en plus gênant, je me sentais de plus en plus limité dans ma liberté d'écriture, que je m’auto-censurais de plus en plus par crainte des réactions des proches.
C’est alors que j’ai réalisé que je n'écrivait plus un carnet comme avant, mais bel et bien un blog, un truc "à la mode". J’ai même été jusqu'à inciter mes connaissances à aller lire mon blog, allant même jusqu'à lâcher des "j’ai blogué sur tel sujet l’autre jour t’as pas vu?" parfois. Et effectivement écrire un blog, ce n’est pas un écrire un journal intime. Ça n’a rien à voir. Ce n’est pas le support qui compte, qu’il soit sur papier ou en ligne, mais ce pourquoi on l'écrit, dans quelle perspective. Pour soi, dans une idée d’introspection ? Pour les autres, pour faire partager sa vie ? Ce n’est pas la même chose, mais je n’y avais jamais réfléchit avant. J’ai donc réalisé que je n'écrivais plus pour moi, je n'écrivais plus un journal intime comme auparavant, mais un blog, quelque chose de beaucoup moins intéressant pour moi au final, et de beaucoup plus superficiel. A la base j’avais commencé mon blog parce qu’on m’avait parlé de ça et tout de suite j’avais trouvé le concept génial. Sauf que je n’avais pas compris qu’on pouvait l’utiliser de plusieurs manières et que la manière que j’avais choisi par défaut, en suivant la plupart des autres blogs, ne me convenait pas du tout.
C’est ainsi que j’ai décidé d’arrêter mon blog, de tout arrêter, faire une pause et reprendre de zéro. Je voulais écrire un journal intime, pas un blog, mais je voulais continuer à profiter des avantages de l'écriture en ligne et l’idée de montrer mes textes au premier inconnu venu continuait de me séduire inlassablement. J’ai alors cherché un outil d'écriture en ligne qui me permette de garder mon aspect journal intime sans qu’on m’impose le côté blog que je ne voulais plus du tout faire. Un outil qui me soit aussi familier que mon carnet en papier et mes stylos. J’ai finit par le trouver et c’est à partir de ce moment-là que j’ai appris à ne pas bloguer. J’ai ré-appris à écrire un journal intime, différemment, mais de manière toute aussi épanouissante pour moi. Il m’a fallut un certain temps pour ne plus parler de mon journal en terme de "blog", mais j’ai finit par y arriver. Je n'écrit plus un blog, j'écrit un journal intime en ligne, et pour moi c’est tout à fait différent, ça n’a définitivement rien à voir.